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22 mai 2014

À l’américaine (nocturne urbain)

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Orange rouge vert dans les gouttes sur le pare-brise

 

Les cloches du samedi soir et les magasins où paient et sortent les derniers clients

 

Certains vont à la messe et te regardent sans crainte assis dans ton auto confortable emmitouflé dans ton manteau

 

Ils te prendraient presque pour un des leurs parce que tu stationnes sur un emplacement autorisé et que tu es vêtu très comme il faut et que tes cheveux sont coupés courts et que ta voiture propre inspire confiance

 

Tu présentes assez bien et ce n’est pas marqué sur ta figure que tu ne veux pas participer et que la seule chose intéressante pour toi c’est attendre regarder écrire

 

L’idée que le monde pourrait te quitter la voici

 

Elle arrive aux quatre décennies plus six années quand s’éloignent les petites lettres

 

Que cela t’encourage à laisser la poésie à d’autres pour dire simplement ta fatigue qui lasse le monde

 

Le moment vient peut-être d’écrire à l’américaine « je sors prendre un verre au soleil »

 

Ce n’est peut-être rien d’autre un poème

 

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn© Éditions Orage-Lagune-Express, 2007.

14 juin 2013

La deuxième personne du singulier

Toi qu’on fit débarquer sur Terre sans te demander ton avis sous le nom de Christian Claude Louis Cottet-Emard tu t’aimes un peu beaucoup à la folie mais pas passionnément

Tu t’adresses à toi à la deuxième personne du singulier pour te sentir moins seul lorsque tu es obligé d’emmener ton ombre dans des lieux absurdes

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Tu ne te remets pas du déclassement économique qui frappa bien avant ta naissance tes familles paternelles et maternelles et te déposséda d’un agréable destin d’oisif petit bourgeois formé aux seules bonnes manières

Tu es un occidental de culture catholique baptisé agnostique non militant ordinaire d’une intelligence moyenne à tendance médiocre

Tu n’es pas et ne souhaites pas être un héros parce que la vie est courte et incompréhensible

Tu penses qu’une vie qui ne serait faite que d’obligations et de devoirs ne vaudrait pas la peine d’être vécue

Tu n’as rien à faire d’un chef-d'œuvre qui ne t’apporte aucun plaisir

Tu n’as pas un rapport solennel à l’écriture

L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains d’ailleurs tu ne pratiques pas la sortie entre copains

Tu t’étonnes toujours quand quelque chose fonctionne

Être convaincu n’est pas dans ta nature

Tu l’as compris rien n’est sérieux tout est tragique

Tu as peur du loup

Le loup peut avoir peur de toi car tu as peur de lui

Il ne faut pas te déranger quand tu manges il ne faut pas te manger quand tu déranges

Tu as un petit côté fleur bleue quand tu as bien mangé

Tu aimes avoir les oreilles froides

Tu détestes lacer tes chaussures

Tu n'es pas sûr d'être vivant avant dix heures

Tu t'intéresseras à la politique le jour où plus personne ne couchera dehors sans en avoir envie

Tu aimes être propre et sentir bon même si ton âme est grise

Tu ne comprends pas grand-chose aux femmes mais elles t’inspirent plus confiance que les hommes parce qu’elles t’ont fait

Tu aimes rire boire manger fumer des cigares aller au concert à l’opéra être amoureux parce que la tristesse durera toujours

 

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013

25 mai 2013

Commerce

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Tu lui dis que finalement

Vu que que tu n’es pas sûr qu’il existe le diable

Vu que tu n’es même pas certain qu’elle existe cette fameuse âme tu pourrais pratiquer le troc la lui échanger contre quelque chose qui te fait envie ou plaisir

Mais le diable te répond mon pauvre ami que veux-tu que je fasse d’une âme comme la tienne qui va contre son intérêt si ça lui chante 

Désolé mais ton âme n’a pas le profil que puis-je faire d’une telle âme qui s’amourache s’attachepoésie,note,journal,littérature,âme,edward elgar,compositeur britannique,salut d'amour,violon,piano,musique,blog littéraire de christian cottet-emard,veilleuse,bougie,église,étoile,femme,récit des lisières,estime-toi heureux,recueil,prose poétique,poème en prose,éditions orage lagune express,droits réservés,copyright

Ton âme toujours à deux doigts de verser une larme en écoutant Salut d’Amour d’Edward Elgar

Ton âme plus elle vieillit plus elle aime

Ton âme plus elle pâlit plus elle préfère le rose et le vert tendres

Ton âme même pas grise à défaut d’être noire

Et le diable s’éloigne en haussant les épaules

Alors tu rentres dans l’église elle est déserte la musique d’orgue tombe comme une pierre sur les dalles séculaires lustrées par tant de pas qui ne laissent aucune empreinte

Tu donnes quelques pièces pour allumer la bougie d’une veilleuse et tu sors sous les étoiles qui brillent très loin et très haut telles des femmes inconnues


© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013.